Ce mois-ci, j’ai décidé de vous partager ce que la danse libre et les espaces de danse libre représentent pour moi.

Ma passion pour la danse

Pourquoi je danse? J’ai toujours adoré danser. Plus jeune, cela me permettait d’assouvir mon besoin de contrôle. En particulier sur mon corps: les genoux en dehors, rentre le ventre, rentre les fesses, baisses les épaules, lève le menton, pas de tensions dans les doigts et… respire. La recherche du mouvement parfait, la résistance à la plus grande contrainte venaient étancher ma soif de perfection. J’ai aussi aimé imaginer être quelqu’un d’autre: quelques minutes en mode star de cinéma. Dans les soirées, j’ai aussi beaucoup dansé pour fuir les conversations : les mots ne venaient pas.

La découverte de la danse libre a été une révélation. Grâce au mouvement, je laisse mon corps raconter ce que les mots n’arrivent pas à exprimer. Pour la première fois, il existe un lieu, un moment, où je peux en toute sécurité, simplicité et authenticité poser mon masque. Ou  plutôt atelier après atelier, poser mes masques. C’est une exploration, je peux me tromper, et recommencer autrement autant de fois que je le souhaite.

Dans un atelier de mouvement libre, chacun découvre son propre corps à son propre rythme. Simplement en explorant toutes les manières de bouger chaque partie du corps.  Pas besoin d’avoir déjà déjà dansé pour avoir une infinité de possibilités de mouvements. Ici ce qui est beau ce n’est pas la technique de danse, le mouvement fluide et parfait mais l’authenticité et le caractère profondément unique du mouvement de chacun.  Ici ce qu’on cherche, c’est le mouvement vrai, celui qui vient de lui-même, de l’intérieur.

Comment cela se passe?

En général, c’est ma tête qui donne une idée à mon corps en fonction de l’intention, du thème, de la question posé par l’enseignant. Mon corps mime, donne une forme et un mouvement à cette idée. A partir de là, les possibilités sont multiples : autre idée, immobilité (comme une statue), répétition, inspiration par la musique, interaction avec les autres danseurs, imaginaire ou simplement l’envie d’explorer comment ce que ce corps (ou cette partie du corps) peut faire autrement.

Pour l’instant, c’est toujours mon cerveau qui dirige mais ce que je cherche, c’est le moment (de grâce) où le mouvement prend le pouvoir. Quand par exemple, mon bras gauche a envie de se lever et de m’entrainer vers l’arrière. C’est ce bras qui mène la danse, tout mon corps s’engage dans son mouvement et suit sa danse. Ma tête note, elle observe mais ce n’est plus elle qui décide. Je reste consciente des pensées qui me traversent.

Mon esprit est présent. Cette transe n’est pas une fuite de la réalité. Je ne cherche pas à perdre conscience pour me soulager de la dureté du monde. Mais au contraire à raviver ce qui n’a pu être exprimé et que je porte en moi. En prendre conscience pour arrêter de le fuir et de lutter contre mais faire avec.

Danser ses émotions

Sur le plancher de la salle de danse, dans la lumière tamisée, cachée par le groupe, je danse mes émotions: mes peurs, mes colères et mes tristesses. J’expérimente ce que cela fait de m’autoriser à les ressentir pleinement « jusqu’au bout ». J’enlève les couches de blindages construites années après années.  Et petit à petit, dans ma vie, sont revenus la joie, l’émerveillement devant la beauté simple de la nature ou d’un échange, la gratitude. Libérée de mes fardeaux, je suis plus disponible pour les autres: plus à l’écoute, les connexions sont plus authentiques, plus profondes.

En explorant mon corps, je découvre ses infinies possibilités, son caractère unique et ses limites. A travers mon corps, c’est moi que j’apprends à connaitre. Je peux aussi reconnaitre mes infinies possibilités, mon unicité et accepter mes limites pour faire avec.

Chacun peut se découvrir lui-même à travers son corps.